Un mystérieux logiciel capable de comprendre les émotions humaines intéresse les entreprises © LinkedIn |
Les machines commencent à être capables de comprendre et de réagir avec
pertinence aux émotions humaines. Dans un long reportage, le
journaliste du New Yorker Raffi Khatchadourian, s'intéresse à ce champ
longtemps ignoré de la robotique. Il marche sur les pas de Rana el
Kaliouby, qui a créé en 2009 la start-up Affectiva. Elle a développé un
logiciel émotionnel ultra-performant.
Depuis, de nombreuses entreprises – Microsoft, HP et Yamaha en tête - sont venues faire la cour à la scientifique égyptienne.
Les machines vont bientôt être capables de comprendre les émotions humaines. "Je
crois que dans 10 ans, nous ne nous souviendrons pas comment c'était de
ne pas pouvoir froncer des sourcils en face de notre ordinateur et de
l'entendre nous répondre tout naturellement 'Oh, [cette vidéo] ne t'a
pas plu ?'", assure dans un long reportage du New Yorker consacré à l'intelligence émotionnelle des robots la scientifique égyptienne Rana el Kaliouby.Depuis, de nombreuses entreprises – Microsoft, HP et Yamaha en tête - sont venues faire la cour à la scientifique égyptienne.
Elle a co-fondé la start-up Affectiva en 2009 avec Rosalind Picard, enseignante au Massachusetts Institute of Technology. Cette entreprise développe un logiciel capable d'analyser mieux qu'un être humain les expressions d'un visage. Affdex sait par exemple différencier un sourire social d'un sourire sincère et est à même de déterminer si une personne simule ou non la douleur.
Affdex scanne la bouche, les yeux, le nez…
Il scanne tout d'abord la figure de son utilisateur et en identifie les principales zones - la bouche, le nez, les yeux, les sourcils. Il détermine ensuite si ce sont des points déformables (comme l'encoignure des lèvres) ou fixes (comme le nez). Le logiciel parvient à analyser, en se basant sur les espaces non déformables de la figure, à quel point les parties mobiles se déplacent.
Affdex scanne également la texture changeante de la peau, les rides… L'algorithme est capable à partir de toutes ces données de capter les expressions du visage et les émotions qui s'y rattachent, en les comparant avec les plus de deux millions d'autres qu'il a analysées auparavant.
Analyse du rythme et des intonations de la voix
Affectiva n'est pas la seule entreprise à travailler dans ce champ. Emotient, Realeyes, Sension… Plusieurs start-up se sont lancées sur ce créneau, qui suscite l'intérêt d'un petit groupe de scientifiques depuis les années 90. Des experts de la voix, par exemple, ont analysé le rythme et les intonations qui caractérisent certaines émotions, pour permettre à une machine de comprendre ce que ressent son interlocuteur.
Toutes ces sociétés se sont basées sur les travaux menés dans les années 60 par Paul Ekman, un psychologue américain. Ses études ont montré qu'il existait au moins six émotions humaines universelles, exprimées de la même manière sur n'importe quel visage, quel que soit le genre, l'âge ou l'origine géographique de l'individu concerné.
Business is business
Développé au départ pour aider les personnes souffrant d'autisme à mieux gérer leurs relations sociales, le logiciel Affdex n'a pas tardé à intéresser les entreprises, souligne le New Yorker. Microsoft, HP, Yamaha, Honda, Nokia… La liste des groupes qui ont approché Affectiva pour obtenir des détails sur le fonctionnement du programme est longue et les utilisations potentielles de cette technologie multiples.
La chaîne de télévision CBS utilise par exemple le logiciel pour tester ses nouveaux programmes et analyser les émotions qu'ils provoquent dans le public. Affectiva travaille aussi avec un concurrent de Skype appelé Oovoo pour intégrer le programme dans des appels vidéo. Ses utilisateurs peuvent avoir une idée plus précise de ce que ressent leur interlocuteur : triste ou heureux, convaincu ou dubitatif… Bien utile par exemple pendant un entretien d'embauche ou de négociations commerciales à distance.
Lélia de Matharel